Acta Vista, l’association qui permet de s’insérer durablement dans l’emploi

Association marseillaise créée en 2002, Acta Vista est spécialisée dans la formation professionnelle et prépare aux métiers du patrimoine bâti ancien.

Chaque année, en France, ce sont près de 140 000 jeunes qui quittent le système scolaire sans qualification. Difficilement employables, le marché du travail leur est quasi-inaccessible. Pour enrailler ce phénomène, l’association marseillaise Acta Vista propose depuis 2002 de former ces personnes les plus éloignées de l’emploi. Selon Arnaud Castagnède, fondateur de l’association, « personne n’est inemployable ».

Acta Vista s’est donc donnée pour mission d’exploiter les aptitudes de chacun en leur offrant des formations qualifiantes dans un secteur professionnel en demande : le patrimoine bâti ancien. L’objectif est de valoriser le patrimoine local en menant des chantiers d’insertion professionnelle. Pour ce faire, Acta Vista monte des projets de restauration d’édifices historiques avec les propriétaires (le plus souvent des collectivités locales), lesquels mettent à disposition leur patrimoine et participent au financement du projet de réhabilitation.

La plupart des chantiers sont situés dans les Bouches-du-Rhône : le Fort d’Entrecasteaux, l’Hôpital Caroline de l’île Ratonneau, le Jardin des migrations du Fort Saint-Jean au MUCEM, le domaine du Paradou à Saint-Pons ou encore le Fort du Grand Langoustier à Porquerolles. Acta Vista fonctionne comme une véritable entreprise Acta Vista recrute chaque année 350 personnes qui bénéficient d’une formation qualifiante.

Laure Cissouma, responsable du mécénat et des relations avec les différents partenaires confie, « Le public concerné est composé en grande partie de jeunes mais également de tous ceux qui ne possèdent aucune qualification. 90% d’entre eux sont des hommes : des étrangers, des repris de justice, des personnes handicapées… en bref tous les oubliés du système ». D’abord sélectionnés par des organismes spécialisés dans l’insertion professionnelle, les candidats sont ensuite dirigés vers Acta Vista.

Pour mener à bien sa mission, l’association est accompagnée par des partenaires opérationnels comme Pôle emploi, le PLIE Marseille (les Plans Locaux pour l’Insertion et l’Emploi, qui sont des outils des politiques territoriales de l’emploi), l’administration pénitentiaire ou encore le réseau national Cap emploi (spécialisé dans le placement de personnes handicapées). Après un premier entretien permettant d’établir leur motivation à découvrir les métiers du patrimoine bâti ancien, Acta Vista finalisera le recrutement des prétendants en leur faisant passer un entretien. À l’issue de celui-ci, un contrat de travail de six mois renouvelable sera signé.

Comme le souligne Anne Dussert, chef de projet, « Acta Vista Fonctionne comme une véritable entreprise. Les salariés, rémunérés au SMIC horaire, seront préparées à affronter le monde du travail ». Sous la responsabilité du directeur opérationnel, le chef de projet doit avoir une connaissance et une expérience du monde économique de l’entreprise. Ce poste nécessite la maîtrise des dispositifs d’insertion et des publics concernés par ces dispositifs et ce, pour optimiser et adapter au mieux les compétences acquises par les salariés tout au long de l’année.

Un apprentissage de qualité facilitant l’entrée sur le marché du travail

Le secret de la réussite d’Acta Vista : elle dispense une formation qualifiante tout en valorisant les travailleurs. À l’issue de cette formation, les salariés passeront un examen visant à la délivrance d’un titre professionnel de niveau V, soit l’équivalence d’un CAP. Ce titre est validé par l’Afpa (organisme de formation professionnelle qualifiante pour adultes demandeurs d’emploi) et délivré par le Ministère du Travail et de l’Emploi. « Les conditions et exigences sont celles d’une société lambda, explique Anne Dussert. Dès le premier jour, les salariés sont mis dans le bain : visite des ateliers,
remise des tenues, présentation des intervenants et remise de l’emploi du temps. »

Acta Vista, accompagnée de BAO formation, un organisme spécialisé dans les métiers du bâtiment, organise et met en place le programme d’insertion sur ses différents chantiers en PACA. BAO participe également au développement des chantiers « écoles du Patrimoine », dédiés aux jeunes de moins de 26 ans. Pour répondre à un marché exigeant, Acta Vista s’est entourée de professionnels de la restauration du bâti ancien, pour concevoir un programme complet.

L’objectif est de former les futurs professionnels à la restauration du patrimoine bâti en tenant compte de la complexité du marché et des caractéristiques propres aux matériaux ainsi qu’à leurs techniques. Laure Cissouma, consciente de l’importance d’être spécialisé pour intégrer le marché du travail, précise, « Transmettre des savoirs artisanaux ancestraux est primordial, c’est un net avantage pour obtenir un emploi ».

Grâce à l’acquisition de ses compétences recherchées par les employeurs, les personnes augmentent considérablement leur chance de trouver un emploi stable et durable. À l’issue de cette formation qualifiante, 60 % des personnes sortent en emploi ou en formation complémentaire et 92 % obtiennent le titre professionnel. Propos confirmés par Stylianos, maçon et membre permanent de l’association : « Embauché et formé sur un chantier par Acta Vista, j’ai pu acquérir des compétences et obtenir une vraie qualification ».

Une équipe de professionnels investis, le tout dans une démarche éco-responsable

Tout au long de l’année, Anne Dusert et quatre de ses collaborateurs suivent de près l’évolution des 350 personnes en formation. Ils accompagnent chaque salarié en individuel et en collectif dans leur parcours d’insertion socioprofessionnel. Leur mission vise notamment à favoriser l’intégration des nouveaux salariés avec le chef de chantier, informer et rendre compte de l’évolution des salariés auprès des référents sociaux, assurer le suivi des salariés en binôme avec le chef de chantier, s’entretenir individuellement avec les salariés, identifier les freins à l’emploi et les problématiques dites « périphériques » de chaque salarié, aider le salarié à élaborer son projet professionnel en vue de le valider mais également de mettre en œuvre des actions pour lancer et organiser le processus de reclassement.

Selon la chef de projet, « Tous les salariés bénéficient d’un accompagnement jusqu’à quatre mois suivant la fin du chantier ». Tous ces efforts et l’assiduité des personnes encadrées sont récompensés. « Il suffit de s’intéresser à nos taux de réussite aux examens de fin d’année 100% pour les chantiers de la Batterie de la Cride à Sanary-sur-Mer (dans le Var) et les Jardins de la Tour au village de Castellane (Bouches-du-Rhône) ».

Succès garanti pour l’association qui mêle insertion professionnelle et restauration de monuments classé pour la majorité d’entre eux. Tout en apprenant un métier exigeant un réel savoir faire, ces hommes et ces femmes se sentent investis d’une mission : sauvegarder l’ancien et lui donner vie à nouveau. Le tout dans une démarche éco-responsable. En effet, « le patrimoine bâti ancien nécessite un traitement de faveur » explique Laure Cissouma, poursuivant « C’est pourquoi il faut utiliser des matériaux naturels, respectueux de l’environnement comme le chanvre et le bambou. Le chanvre permettra l’isolation des bâtiments et le bambou pourra être dédié à la réalisation de parquets ». L’association bénéficie à ce titre de l’agrément « entreprise solidaire » ainsi que celui de  « protection de l’environnement ».

Un réseau de partenaires à développer coûte que coûte

Pour mener à bien sa mission, Acta Vista doit sans relâche développer son réseau de mécènes. Des partenaires privés tels que le fonds de dotation Total, Accor-Hotels, Suez environnement ou encore la fondation Legallais soutiennent l’association en fournissant du matériel pour les chantiers de préservation du patrimoine. Des partenaires publics comme l’État, les conseils régionaux ou le fonds européen, ont également pris part à cette mission d’insertion professionnelle. Grâce à cette mobilisation, 13 lieux ont pu être restaurés depuis 2002. Pour se faire connaître du grand public et accroître ses actions sur le terrain, Acta Vista doit multiplier les interventions. C’est pourquoi, tous les ans s’ouvrent les portes du Fort d’Entrecasteaux, siège actuel de l’association. Les temps des journées du patrimoine, c’est l’occasion pour Acta Vista de séduire de nouveaux partenaires dans le
but de continuer l’aventure.

Une formule innovante saluée par le Président de la République

Pour chaque personne embauchée et formée, l’association Acta Vista génère un gain pour la collectivité de 7 à 10 k Euros soit plus de 2 millions d’Euros/an (selon une étude réalisée par Mc Kinsey en 2010). Félicitée en décembre 2015 par le président de la République François Hollande lors d’un événement organisé à l’Élysée, Acta Vista fait partie des 16 lauréats parmi les 850 projets proposés lors de l’appel à projet « La France s’engage ». Sous l’égide du président de la République, ce label récompense les projets des associations les plus innovantes.

Grâce à ce coup de pouce, le champ d’intervention d’Acta Vista va pouvoir prendre une dimension nationale. L’objectif est de permettre de doubler chaque année le nombre de personnes bénéficiaires de dette formation qualifiante. La formule concoctée par Acta Vista a donc bel et bien prouvé son efficacité sur le long terme. Quinze ans après sa création, Acta Vista a pu prouver son efficacité et n’a pas failli à son leitmotiv qui est « de restaurer le monde d’hier, de construire celui d’aujourd’hui et de rendre accessible celui de demain ».

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